16.8.11

De la projection d'En ville, je ne retiendrai sans doute que le regard bleu de Stanislas Merhar qu'on ne voit que trop rarement au cinéma. 
De Melancholia, la nausée terrible causée par la caméra parkinsonienne, héritage du Dogme, et la facilité coupable dans laquelle se vautre Von Trier en voulant émouvoir les foules par du Wagner. Le malaise, aussi, d'assister au spectacle pathétique sans pouvoir sortir de ma rangée, cernée que j'étais par des spectateurs moins remontés que moi. Le renoncement, enfin, au plaisir mesquin que je ressens quand je quitte une salle en plein milieu de la projection dès que j'ai l'impression que le réalisateur se fout ostensiblement de la gueule de son public.
Au sortir du film, l'énervement était tel que le message que j'ai laissé sur un répondeur était probablement très embrouillé, tiraillé qu'il était entre l'exaspération causée coup sur coup par le film et la fin de Belle du Seigneur (complaisant comme le Lars à ses pires heures, mais c'est une autre histoire) et des questions aussi basiques que l'heure d'un rendez-vous à fixer.
Pour dissiper tout ça, il a fallu les efforts conjugués de plusieurs théières de thé vert, un goûter, comme un enfant, l'émission de webradio orchestrée par les Pastels et pourtant déjà écoutée plusieurs fois, une couverture et, enfin, le documentaire de John Lennon et Yoko Ono sur leur bed in de Montréal, miraculeusement posté sur youtube par Yoko Ono pour une semaine.
Enroulée dans ma couverture que je trimballe depuis tellement d'années qu'elle en est râpée de partout, parce que parfois j'aime bien faire souffreteux, j'essaye de me faire plaindre mais en règle générale ça ne marche jamais), j'ai regardé Lennon et Ono, tout mignons dans leur grand lit blanc, sans trop comprendre pourquoi la tendance ne s'était pas répandue. J'ai un peu eu envie d'aller m'installer dans une cabane en haut d'un arbre au fin fond de la campagne, sans Von Trier ni Belle du Seigneur mais avec les livres que je n'ai pas encore eu envie de jeter par la fenêtre, histoire qu'on me foute enfin la paix, histoire surtout d'oublier un certain avion qui a foutu un sacré bordel en ayant l'idée stupide de décoller il y a deux mois.
Et puis j'ai remis Alex Chilton.

6.8.11

Mon mauvais goût avéré pour les pois, qui fait que je suis définitivement la personne la plus identifiable sur l'internet.
L'été qui traîne décidément en longueur, moi ici et tous les autres ailleurs, et le même petit jeu que tous les ans: survivra au mois d'août, ou pas? (Un indice: généralement, la réponse est oui.)
Le train que j'ai failli prendre, ah non, oh si, mmmh, mouais, allez, quoi que, bon, ah bah trop tard. L'incapacité totale à prendre une décision, donc, et la trouille de l'engagement qui s'insinue même dans mes choix au café. Si je prends un Lapsang-Souchong, est-ce que ce n'est pas m'interdire la possibilité d'avoir envie de tous les autres thés de la planète?
(En vrai j'aurais voulu qu'on me supplie de monter dans ce putain de train. Échec cuisant, personne ne supplie jamais dans la vraie vie.)
Les heures passées à emmerder au téléphone ceux qui ont l'idée saugrenue de décrocher quand j'appelle, pour qu'on décide à ma place de ce que je dois faire quant à. Et ne jamais mettre en pratique. On ne sait jamais, ça pourrait marcher.
Les dialogues qui ne s'écrivent pas. La dynamique, bordel, la dynamique. Un peu comme dans la vie.
Il faut attendre encore un peu.